Vivre la méditation au quotidien :

"Amour du Christ, Amour pour Dieu, Amour pour tous les êtres vivants"

Le message fondamental de la révélation apportée par Jésus-Christ peut se résumer par cette formule que Saint Jean l'évangéliste écrit à deux reprises dans sa Première Lettre : "Dieu est Amour".

En continuité avec la loi ancienne de l'Ancien Testament, mais avec une perfection venue de Celui qui l'énonce en la rendant possible, la loi nouvelle du Nouveau Testament enseignée par Jésus est d'abord une loi d'amour : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jean 15,12). Les textes du Nouveau Testament insistent sans cesse sur le fait que l'amour pour Dieu se manifeste à travers l'amour du prochain. Cela est lié. En effet, Saint Jean, encore lui, l'exprime clairement dans sa Première Lettre : "Celui ou Celle qui n'aime pas son frère qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas. Oui, voici le commandement que nous avons reçu de Lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère, sa soeur" (4,20-21). C'est le coeur du message évangélique : Dieu est Amour. Il infuse cet amour par l'Esprit Saint au plus intime de notre coeur, et nous sommes appelés à Le faire rayonner autour de nous, à aimer tous nos frères et soeurs humains, et aussi les animaux, créatures de Dieu, avec en particulier les pauvres, les isolés, les prisonniers, les malades, les exclus, et tous ceux qui sont démunis d'une manière ou d'une autre. L'amour du prochain est aussi le "baromètre" qui nous permet de voir quelle est l'authenticité de notre amour pour Dieu. Jésus l'exprime sans ambages dans cette parabole que rapporte Saint Matthieu : "Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les Anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors, Le Roi dira à ceux à sa droite : "venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, prisonnier et vous êtes venu me voir." Alors, les justes lui répondront : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir ?". Et Le Roi leur fera cette réponse : "En vérité, je vous le dis, dans la mesure ou vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait".

L'amour de Dieu et du prochain est donc au coeur de l'enseignement de Jésus. Nous prenons conscience que notre propre situation est commune à tous, et que tout comme nous tous, l'ensemble des êtres cherche à éviter la souffrance et à atteindre le bonheur en voyant que, prisonniers de l'Ignorance et des conditionnements de l'esprit, tous les êtres échouent dans leur tentative, et errent, ou expérimentent des souffrances nombreuses et variées.

L'Amour est d'autant plus large, en ce sens qu'il se porte sur des gens heureux aussi bien que sur des gens qui souffrent. L'amour se porte sur toute forme de bien qui est aimé comme tel, où qu'il soit, spécialement dans les personnes et le Bien absolu qui est Dieu. Mais l'amour de Compassion est un amour qui rejoint autrui dans son désespoir ou dans son malheur, pour l'aider, l'aimer et le sortir, autant que possible, de sa souffrance. Pour un chrétien, l'amour de Compassion par excellence est celui de la Vierge Marie debout au pied de la Croix ou fut crucifié son Fils : Elle participe à la Passion du Christ par sa Compassion. Par sa Compassion, Marie, la Mère de Jésus, participe de façon très proche à notre Rédemption. Dans le Mystère chrétien, on ne prend pas de distance par rapport à la souffrance : on l'assume avec amour, et par amour, on la porte avec le Christ, l'Agneau de Dieu, pour le rejoindre au delà du Mal et de la Mort, dans la résurrection bienheureuse.

Jésus ne cesse de répéter : "Ne jugez pas", "Aimez vos ennemis", "Faites du bien à ceux ou celles qui vous font du mal" : on trouve beaucoup d'enseignements à ce sujet dans les Évangiles. Il y a des êtres qui font le voeu d'aider tous les Êtres. Lorsqu'ils ont atteint la Paix de l'Esprit, du coeur, ils ne demeurent pas simplement dans cette Paix, mais se consacrent aussi au bien d'autrui. Certains de ces Êtres sont présents sur Terre (beaucoup d'exemples il y a eu, il y a encore et il y aura, dans le Futur), et cela, sous diverses formes. D'autres oeuvrent à des niveaux subtils, et continuent de soutenir les êtres par leurs grâces. On peut se relier donc très profondément à un Être (je prends l'exemple du Saint et Stigmatisé Padre Pio, ou de Mère et Bienheureuse Térésa), et recevoir son influence spirituelle. Certaines personnes, des pratiquants, des laïcs, ressentent avec intensité cet élan à la fois de dévotion, d'admiration, et d'aspiration, envers telle ou telle manifestation d'un esprit éveillé, ou de la Grâce du Seigneur. Ce sentiment profond s'exprime spontanément dans des chants très inspirants, souvent très joyeux, mais qui peuvent aussi refléter la tristesse particulière ainsi que d'autres impressions que l'on rencontre tout au long du parcours spirituel. Les chants de dévotion du célèbre Yogi et poète Milarépa en sont la parfaite illustration. D'ailleurs, Saint Augustin disait :"Qui aime, chante". Quand on aime, il y a immédiatement une chanson ou un cantique qui vient du coeur. Moi-même, je me suis reconnu dans ce cas de figure, et cela m'arrive souvent. Je pense aussi à un texte de Saint Paul, dans l'Épître aux Galates, où ils parle des fruits de l'Esprit que sont l'amour, la joie et la paix (verset 22-23). On reçoit dans le coeur comme une semence qui ne demande qu'à grandir. Et puis, on trouve aussi, dans ce contexte, "Le Cantique des Créatures" de Saint François d'Assise, qui devenait aveugle et dont l'oeuvre était menacée, mais qui s'est alors tourné vers Dieu dans un abandon aimant, et a composé ce magnifique cantique :

On sait qu'au moment de sa mort, Saint François a complété son cantique par les derniers vers : "Loué sois-Tu, Seigneur, pour tous ceux et celles qui, par amour pour toi, pardonnent leurs ennemis... la seconde mort ne pourra leur faire aucun mal". C'est un très beau poème.

Il est vrai que quand nous développons l'amour en nous-même, un amour sincère pour tous les êtres dans le sens que nous méditons ici, à savoir une vive sollicitude et le souhait intense de leur bonheur, alors nous ressentons progressivement et naturellement la joie et la paix. Mais quand nous éprouvons une incapacité à aimer, nous nous empêchons de cette façon de goûter à la joie et à la paix, car nous ne parvenont pas à transformer notre souffrance. Toutes nos difficultés viennent de là. Dans la mesure où je ressens pour vous un amour authentique, s'il advient que vous agissiez de manière négative, voire agressive à mon endroit, et, à supposer que je sois, dans un premier temps, irrité ou même franchement en colère, très vite j'aurai la faculté de me reprendre. Je verrai que vous êtes victime de votre ignorance et des perturbations qu'elle induit. Aussitôt, ma colère et mon ressentiment s'atténueront considérablement, et je ne vous considérerai plus obligatoirement comme un ennemi. C'est grâce à l'amour qu'une telle transformation de l'émotion est possible. Sans amour, ma réaction sera immédiate et sans retenue. je vais vous percevoir alors comme une personne véritablement nuisible, et si vous m'avez heurté ou blessé, nul doute que je chercherai à vous rendre la pareille. Mais, si je réalise vraiment que vous êtes pris dans la confusion, alors, je n'éprouverai plus que de la Compassion, et, mû par celle-ci, je ressentirai une forte impulsion pour vous aider. C'est précisément ce type d'état d'esprit qui, profondément enraciné, procure un bonheur authentique.

Le besoin de recevoir et de donner de la tendresse et de l'amour, prouve l'existence de l'Interdépendance. Le bien-être de l'humanité est lié à son environnement. Le bonheur de l'individu tient à son état d'esprit.